Le traitement conservateur de l’incontinence urinaire est défini comme toute thérapeutique qui ne concerne pas le traitement médical ou la chirurgie. Il comprend principalement, les modifications du style de vie et conseils d’hygiène de vie, les programmes d’entraînement des muscles du plancher pelvien, les thérapeutiques physiothérapiques (cônes vaginaux, biofeedback et électrostimulation). Depuis 1980 où elle fût introduite en France et prise en charge par la sécurité sociale en 1985, elle a porté des appellations diverses telles que rééducation périnéale, rééducation uro-gynécologique, rééducation périnéo-sphinctérienne, rééducation vésico-sphinctérienne, rééducation uro-gynécologique et rééducation pelvi-périnéale pour se voir attribuer très récemment dans le JO du 16 mai 2006 l’intitulé suivant : « Rééducation périnéale active sous contrôle manuel et/ou électrostimulation et/ou biofeedback ».
Dans les pays anglo-saxons, ce type de rééducation est nommé « Pelvic Floor Rehabilitation »).
Cependant, sur le plan pratique, il semble nécessaire de la diviser en deux parties distinctes
Une rééducation musculaire qui intéresse les muscles du périnée et des sphincters qui se regroupe sous le terme plus général de « rééducation périnéale ou pelvipérinéale » et une rééducation urogynécologique qui regroupe toutes les autres techniques qui traitent les troubles du bas appareil urinaire allant de l’incontinence aux difficultés à vider la vessie, en passant par les envies fréquentes d’uriner,… »
Au cours des 15 dernières années, patientes et médecins ont porté un intérêt croissant au traitement conservateur. Dans presque tous les pays où des traitements sont mis en ouvre, il est aujourd’hui admis qu’ils représentent une mesure thérapeutique de première intention sûre, qui doit être appliquée avant d’envisager tout traitement chirurgical.
En quoi consiste cette rééducation périnéale ?
Exercices personnels de contraction du périnée
Au cours des 50 dernières années, de nombreux auteurs ont décrit des exercices de renforcement du plancher pelvien. Le plus célèbre d´entre eux est sans doute le gynécologue-obstétricien américain Arnold Kegel qui a introduit cette technique de contractions volontaires des muscles du périnée dans les 1950. Ces exercices sont devenus célèbres et portent l´appellation dans tous le pays anglo-saxons de « Kegel´s exersises «. Pour trouver vos muscles périnéaux, allongez-vous sur le dos, le genoux repliés et pas serrés. Exercices de contraction volontaire des muscles du périnée
Contractez votre vagin et le sphincter anal (comme pour se retenir d´uriner ou retenir un gaz). L´abdomen, la face interne des cuisses doivent rester immobiles et l´ensemble du corps détendu. La réussite de la technique nécessite de pratiquer les exercices soi-même régulièrement après les avoir suivis lors de séances spécialisées chez un thérapeute qualifié. De nombreux protocoles ont été décrits ; toutefois, on s´accorde aujourd´hui sur l´adoption de protocoles incluant trois séries de 8 à 12 contractions maximales lentes, chacune maintenue pendant 6 à 8 secondes, pratiquées trois à quatre fois par semaine pendant au moins 4 à 5 mois.
Stop-pipi
Une autre méthode courante permettant de localiser les muscles périnéaux consiste à arrêter l´écoulement de l´urine lorsque vous videz la vessie. Il est impératif, une fois cette pratique maitrisée de ne pas trop recourir à essais de « stop-pipi ». Très à la mode dans les années 8O, on s´est rendu compte que cela pouvait favoriser les infections urinaires pour les femmes qui déjà présentent de tels problèmes et de difficulté à vider la vessie pour celles qui présentaient un prolapsus. Nous conseillons donc de le faire une fois par jour, toujours en début de la miction. C´est le seul exercice qui permet de mieux sentir la contraction sphinctérienne car le sphincter de l´urètre est le muscle qui assure la continence.

Rééducation manuelle
La rééducation manuelle réalisée par toucher vaginal à un doigt ou deux doigts du thérapeute, permet de prendre conscience de la localisation interne de cette musculature intravaginale. Elle permet une approche plus sensitive, on parle de proprioception et donne une information très spécifique à la femme de son périnée. Il est possible comme progression au cours des séances de modifier localisation de la pression digitale, la résistance, la durée et même la position de la patiente.
Gymnastique périnéale ou programme d´entraînement du périnée
Ainsi que l´a décrit Kari Bo, Professeur de physiologie musculaire à Osolo, les deux principes majeurs du renforcement des muscles squelettiques sont l´hypertrophie et la spécificité. La spécificité est particulièrement importante dans le cas des muscles pelviens car 30% environ des femmes ont des difficultés à effectuer une contraction correcte au cours d´une première tentative. Les femmes contractent souvent des groupes musculaires par erreur lorsqu´elles essaient de contracter les muscles pelviens (par exemple, les fesses, les cuisses et parfois même tout le corps !).